Coup de tonnerre dans la sphère des relations presse : Tesla a pris la décision de dissoudre ses services de relations presse. La raison ? « À l’ère du numérique, si une entreprise a un bon produit et des adeptes enthousiastes, l’idée d’un département en charge des relations publiques est obsolète », commente Elon Musk.

Outre la communication financière réglementaire, l’entreprise mise tout sur une communication directe avec son public : par le biais de son site Internet ou de ses réseaux sociaux. Avec plus de 40 millions d’abonnés, Elon Musk, patron et ambassadeur de Tesla, est un personnage particulièrement influent sur Twitter.  Le but affiché : communiquer « sans filtre » avec le grand public.

Cette envie de donner à son audience une impression de transparence au moyen d’une communication sans intermédiaires a été poussée à son paroxysme par l’ex-Président Donald Trump, qui a complétement bousculé les codes de la communication. Si certains apprécient les sentiments de « spontanéité » et de proximité créés par cette approche, il faut reconnaitre qu’elle est à double-tranchant et qu’elle a fini par mener à la défection des porte-voix de l’ex-Président des Etats-Unis– Twitter et Facebook ont notamment gelé ses comptes – et à la perte de sa réputation politique – comme en atteste la deuxième procédure d’impeachment dont il fait l’objet.

En raison de la capacité qu’offrent les outils actuels de communiquer directement avec une audience, des investisseurs et des partenaires, il est compréhensible que certaines entreprises et certains entrepreneurs penchent en faveur d’une prise de parole directe et remettent en question l’utilité et le rôle quasi historique que jouent les relations presse (voir notre enquête en 3 volets sur les pères fondateurs des relations publiques : première partie, deuxième partie et troisième partie). Toutefois, ces dernières sont loin de constituer un frein ou un obstacle. Elles n’ont pas vocation à empêcher une communication transparente et franche avec les parties prenantes. Bien au contraire, elles servent aussi à les protéger.

Depuis sa reprise par Elon Musk, le destin de Tesla est intimement lié à celui de son dirigeant. Or cette stratégie est risquée. Si l’homme se retrouve au cœur d’une polémique – que celle-ci soit d’ordre personnel ou professionnel – il prend le risque d’entraîner l’entreprise avec lui. Elon Musk est un personnage particulièrement médiatique, à la fois dans la sphère professionnelle et dans l’univers du show business. Plusieurs scandales ont déjà été associés à son nom et pourraient à l’avenir entamer la réputation de son entreprise et, par voie de conséquence, faire baisser son cours en bourse.

 

Disposer de services de relations presse est un moyen de tisser des relations avec les journalistes, tout en s’ouvrant d’autres opportunités médiatiques. Le choix de Tesla est singulier et je ne recommanderais pas à d’autres entrepreneurs moins charismatiques de suivre cet exemple. Car si la visibilité médiatique est l’un des piliers de la stratégie de communication d’une entreprise, la préserver des scandales l’est tout autant.

Assurer la visibilité de son entreprise est essentiel, mais pas au détriment de sa réputation !

 

Laure Guyon