La communication et les relations publiques sont au cœur des stratégies d’entreprise, la période de pandémie que nous vivons a d’ailleurs exacerbé cela, puisque les entreprises ont tout intérêt à communiquer sur leur situation économique et sociale. Pourtant, ce ne fut pas toujours le cas.

Pour ce mois de décembre, nous vous proposons une série de trois articles revenant sur la vie, l’œuvre et l’héritage de trois spécialistes des relations publiques, qui illustrent l’évolution du rôle des communicants pour les entreprises. Nous consacrons le premier à Ivy Lee, l’inventeur du communiqué de presse.

 

Ivy Lee : « S’il y a une crise, il faut le dire »

Les historiens associent souvent la naissance des relations publiques avec celle de la politique. Les premières étaient principalement utilisées à partir de la fin du XVIIIe siècle dans le cadre des élections ou de crises importantes pour influencer l’opinion et les choix électoraux. C’est au début du XXe siècle qu’Ivy Lee, fort de son expérience dans des associations et cabinets politiques, a l’idée de proposer des services de relations publiques à des entreprises.

À cette époque, ces dernières sont repliées sur elles-mêmes et communiquent très peu avec le public : elles sont essentiellement connues à travers leurs produits et grâce à la publicité. Lorsqu’une crise survient, elles préfèrent garder le silence sans se préoccuper des effets que celle-ci pourrait avoir sur leur chiffre d’affaire ou leur notoriété, laissant aux journalistes le loisir de les critiquer selon leur bon vouloir.

En 1906, Ivy Lee rédige le premier communiqué de presse destiné à donner un point de vue différent sur la grève qui frappait l’industrie du charbon, qu’il envoie à un large éventail de journalistes. Il crée quelques semaines plus tard la gestion de crise en poussant la Pennsylvania Railroad, une entreprise de chemin de fer, à reconnaître sa responsabilité dans un accident d’un train ayant fait 57 morts et invite les journalistes à réaliser des reportages sur le lieu de l’accident afin de faire taire les rumeurs. À partir de ce moment-là, ce consultant en relations publiques va sauver la réputation de grandes entreprises, ternie par les scandales et les grèves. Il sera même embauché par John D. Rockfeller Jr., fondateur de la compagnie pétrolière Standard Oil Company.

En menant une défense en faveur des entreprises et en entretenant des bonnes relations de proximité avec les journalistes, Ivy Lee peaufine les arguments énoncés dans la Déclaration des principes en invitant les entreprises à faire preuve de transparence, à agir plutôt que de réagir et surtout, à communiquer le plus que possible avec leurs parties prenantes : « Dites la vérité car, tôt ou tard, le public l’apprendra et vous ne pourrez plus rien contrôler. Si les gens vous critiquent, changez votre façon de faire et présentez les choses de manière à ce qu’ils vous soutiennent. ». En posant les fondements du métier d’attaché de presse, la majorité des grandes firmes de l’époque ont commencé faire appel à des services de relations publiques. C’est ainsi que des agences comme celle de Edward Bernays ont vu le jour. Nous vous parlerons plus en détails de cet homme controversé dans notre prochaine publication.

 

Biographie :

Natif de Géorgie, Ivy Lee débute sa carrière en tant que journaliste pour le New York American, puis le New York World et enfin, le New York Times, où il écrira principalement sur les affaires financières et la vie des entreprises. Il deviendra ensuite directeur de publicité et de promotion pour les Citoyens de l’union, une organisation apolitique défendant l’intérêt commun contre le gouvernement. En 1905, il fonde Parker & Lee, la première agence de relation publique, et poursuivra sa carrière en tant que conseiller indépendant auprès des grandes firmes américaines comme Pennsylvania Railroad, Harris, Winthrop & Co. Il décède en 1903, à l’âge de 57 ans.

 

Maëlys Trassaert