Pendant mes vacances, j’ai choisi d’emporter dans mes bagages un roman dont j’avais découvert l’existence grâce à un article de Serge Leblal publié en juin et intitulé L’Étrange Vallée, brève incursion dans la Silicon Valley. Le pitch est simple : une plongée autobiographique dans le “monde merveilleux” de la Silicon Valley, ses lois, ses pièges, ses dynamiques… Un sujet particulièrement intéressant pour moi, forcément, après plusieurs années à travailler dans les relations presse pour les entreprises du secteur IT. Somme toute : un bon moyen de joindre l’utile à l’agréable !

 

Verdict ? J’ai été happée par ce récit sans concession d’un univers qui m’était jusque-là quasiment inconnu (sauf peut-être dans les souvenirs que je gardais du film “The Social Network” de David Fincher). Le roman reflète à la fois les travers et les démons de l’épicentre de tout un secteur d’activité, mais aussi les faiblesses et les contradictions d’une génération d’idéalistes et d’opportunistes, tantôt profiteurs, tantôt victimes de la Technologie toute-puissante pour laquelle ils ont tout sacrifié – carrière, temps libre, valeurs, voire, pour certains, leur âme.

 

Pour l’auteure – et principale protagoniste – de cette tranche de vie, ces trois ou quatre années passées à enchaîner les postes et les expériences au sein de startups de l’IT représentent un parcours initiatique, ou plutôt un chemin de croix vers la désillusion, malgré son état d’esprit optimiste et naïf.

 

Si ce récit m’a passionnée, il m’a aussi beaucoup étonnée par la sombre réalité qu’il dépeint au sein de cet Eldorado de la tech, plutôt connu d’habitude comme la cour de récré de geeks restés de grands enfants et de génies absolus de l’IT pas forcément très sociables (qui peuvent rappeler un certain Mark Z., par exemple). Les relations professionnelles et privées semblent ici factices et régies uniquement par l’objectif ultime de faire triompher le progrès, l’efficacité et le rendement financier, au détriment de l’humain. Anna Wiener, depuis reconvertie au journalisme (encore un lien intéressant avec nos sujets de prédilection chez OneChocolate !), n’épargne personne et établit une dichotomie assez manichéenne entre ceux qui ont “sauvé leur âme” et qui ont su quitter ce navire avant le naufrage, et ceux qui continuent d’évoluer dans ses sphères élitistes, sans se laisser décourager par leurs échecs ni se satisfaire de leurs réussites.

 

S’il est difficile de démêler la part de vérité de la fiction et du vernis narratif qui composent ce roman, je vous conseille fortement cette lecture, surtout si vous êtes féru de nouvelles applications mobiles ou de nouveaux outils technologiques ou que vous travaillez en lien plus ou moins direct avec le secteur de l’informatique.

 

Elodie Buch