Des chiens robots et une robe directement peinte sur le corps de Bella Hadid lors du dernier défilé Coperni, ou encore des défilés virtuels comme celui de la marque Etro… Avides de modernité et de challenge, les créateurs s’allient à la technologie pour redéfinir une mode en phase avec un monde de plus en plus technologique.

Une nouvelle manière de penser la mode

Une question se pose alors : comment mêler le monde traditionnel de la mode à l’univers dynamique des nouvelles technologies ? Pour cela, les créateurs déploient des trésors d’imagination pour inclure les nouvelles technologies dans leur création, plutôt que de simplement s’inspirer des tendances vues et revues depuis 20 ans.

« La technologie, c’est notre quotidien », expliquaient les deux créateurs de Coperni lors de la websérie « V(l)ogue » de Vogue Magazine. Leurs chiens robots ne sont qu’une première étape dans l’inclusion de la technologie dans leur vision de la Fashion Tech. Derrière cet effet « waouh » se cache une véritable réflexion autour de la relation entre l’humain et la technologie. L’individu utilise la technologie au quotidien grâce à des appareils et gadgets : téléphone, ordinateur, maison connectée… jusque dans sa voiture. Alors, pourquoi n’en ferait-il pas autant avec ses vêtements ?

Les créateurs se mettent ainsi à imaginer le vêtement comme un nouveau genre de gadget. Le vêtement permet d’interagir physiquement avec le monde qui nous entoure et le monde numérique qui prend de plus en plus de place dans notre quotidien. C’est pour cela qu’il doit avoir une utilité en plus de celle de nous habiller.

« Partager » : le nouveau crédo fashion 

« Ludique », « dynamique », ou encore « collectif » sont les nouveaux mots d’ordre des créateurs de mode, dans un monde où les individus ne se contentent plus de contempler, mais bien de participer et de s’approprier les choses. À l’image des grands défilés de plus en plus interactifs et dynamiques, la mode d’aujourd’hui consiste à montrer et à être montré ! Un aspect qui rappelle ce fort besoin de partage des individus. Comment cela s’applique-t-il au monde de la mode, me direz-vous ? Avec des lumières par exemple, comme le prouve la collaboration entre Google et la marque Koché pour les collections printemps-été 2023. Les tenues issues de ce partenariat permettent de représenter notre mouvement sur un écran à l’aide de capteurs. On se montre au monde et le monde nous voit, il nous répond. Un dialogue poétique qui donne une tout autre dimension à notre présence.

La fashion tech, c’est aussi une pensée poétique : dans son interview pour Vogue, la créatrice Clara Daguin indique que le futur de la mode serait avant tout « dans le partage d’une émotion ». On retrouve cette poésie dans la délicatesse des robes lumineuses, en mouvement ou encore qui créent de la musique grâce à nos battements de cœurs ou à notre toucher. On ajoute subtilement la technologie à la mode pour créer une émotion. Elle permet une nouvelle forme d’expression où le corps de l’individu et le vêtement ne forment qu’un.

Quand s’habiller améliore notre quotidien

La fashion tech a repoussé les limites de ce concept en créant un vêtement au service de notre bien-être, à l’image de Coperni qui, grâce à ses vêtements composés de jersey et d’argent, permet de nous protéger des bactéries. Contrairement aux pièces de collection, ces vêtements peuvent endurer jusqu’à 50 lavages. On peut alors se prendre à rêver d’une combinaison similaire à celle portée par l’héroïne du célèbre manga de Masamune Shirow, Ghost in The Shell, d’ici quelques années.

Cette nouvelle forme de mode cherche à répondre à des problématiques du quotidien. Et là où la science traditionnelle cherche un remède, la fashion tech propose une alternative, une nouvelle manière de vivre avec notre monde. L’exemple le plus parlant ? Les vestes instrumentées développées par des étudiants de l’Université de Bretagne Occidentale (UBO) et de l’Ecole Européenne Supérieure d’Art de Bretagne, à Brest (EESAB). Ces vestes permettent aux personnes malentendantes de ressentir la musique live grâce à des vibrations. On ne cherche plus à guérir, mais à créer de nouvelles interactions avec le monde. On combine la technologie et les possibilités de l’humain pour proposer une nouvelle manière de vivre.

Grâce à la fashion tech, l’utilité des vêtements au quotidien se redéfinit, en proposant toujours plus d’innovations. Toutefois, l’industrie de la mode reste un le 6e secteur le plus polluant.  C’est pourquoi les créateurs cherchent aussi, à travers les nouvelles technologies, à mettre en place une industrie plus respectueuse de l’environnement, à l’image du recours aux imprimantes 3D pour imprimer des vêtements avec de nouveaux matériaux plus durables, qui réduisent drastiquement la production de matières premières très polluantes.

Alexia Gudin