Trois ans après notre première interview avec Bertrand Lemaire, nous avons eu le plaisir d’échanger à nouveau avec lui, sous sa toute nouvelle casquette de rédacteur en chef de Républik IT. Entre une pandémie et un changement de poste, les sujets de discussion sur l’évolution de la presse informatique professionnelle et des pratiques RP en général ne manquaient pas.

Il y a trois ans, nous avions déjà eu le plaisir de vous interviewer pour le blog, plus particulièrement sur votre ressenti et votre expérience face à l’explosion du nombre de communications et d’e-mails reçus chaque jour par les journalistes. Entretemps, une pandémie est venue bouleverser les manières de vivre et de travailler. Comment ces bouleversements vous ont-ils impacté ? Quelle(s) leçon(s) en avez-vous tiré ?

Je ne vais surprendre personne en affirmant que le changement fondamental a été le passage de chacun au « tout numérique ». La principale conséquence de ce revirement est que, désormais, personne n’imprime plus rien puisque tout est dématérialisé. C’est là que réside le véritable changement : la disparition des imprimantes et des dossiers sous format papier !

Plus sérieusement, grâce à cette dématérialisation, on peut travailler depuis n’importe où, et même ceux qui ont eu du mal au début à s’habituer au télétravail s’y sont fait.

Globalement, pensez-vous que le rythme des échanges et le flux des communications a encore augmenté depuis notre dernière interview – plus particulièrement durant la pandémie et depuis la généralisation du télétravail ?

Selon moi, c’est plutôt le contraire et c’est tant mieux ! Pendant la pandémie, beaucoup d’attachés de presse ne pouvaient plus nous appeler, car ils n’avaient que les numéros de nos téléphones fixes. Cette transformation a considérablement changé les choses et nous a permis de ne plus recevoir autant de sollicitations entrantes pouvant s’apparenter à des « spams téléphoniques ». Cela dit, le rythme des échanges recommence à s’intensifier et l’embellie constatée ne semble pas durer. Les communiqués de presse envoyés par e-mail continuent au même rythme, même si je suis plutôt préservé des sollicitations parasites grâce à tous les filtres que j’ai mis en place. Par conséquent, je trouve que les communications aujourd’hui sont beaucoup plus efficaces et pertinentes. Elles sont certes moins nombreuses, mais de meilleure qualité.

Est-ce que vous trouvez que les entreprises communiquent trop ?

En effet, parfois je trouve qu’organiser un événement ne se justifie pas. Bien entendu, c’est toujours agréable de rencontrer les gens face-à-face, encore plus après la période de restrictions liées à la pandémie par laquelle nous sommes passés. Mais si le contenu de l’annonce tient sur trois lignes, ce n’est pas la peine d’organiser un dîner ou un événement pour la partager avec les journalistes.

Vous venez récemment de changer de rédaction, en intégrant celle de Républik IT, la partie média qui vient juste d’être lancée par le site Républik. Félicitations ! L’apparition d’un nouveau média est assez rare de nos jours. Est-ce une aventure pour vous aussi ? Quelles sont vos ambitions pour faire vivre ce nouveau média ?

Républik IT est le quatrième titre lancé par le groupe Républik qui existe depuis longtemps déjà, donc je ne suis pas parti complètement à l’aventure non plus ! La stratégie du groupe est solide et l’audience a décollé beaucoup plus vite que prévu pour cette nouvelle section dédiée à l’IT.

Concernant mes ambitions, je prévois de publier au minimum un article par jour, avec un format assez long. L’objectif est de promouvoir la notoriété du groupe et de convaincre les DSI de participer aux événements. Il s’agit là du modèle économique de Républik.

En tant que spécialiste des témoignages client, quelles sont les thématiques que vous retrouvez le plus souvent dans toutes les interviews et les cas clients que vous traitez ? Qu’est-ce qu’ils reflètent des préoccupations actuelles des entreprises ?

Je ne dirais pas qu’il y a une thématique qui ressort en permanence, mais plutôt des effets de mode, des vagues. La cybersécurité, dans ses différentes variantes, reste assez récurrente ces dernières années, de même que l’expérience utilisateur. Sans surprise, le thème le plus emblématique du moment est la sobriété numérique : cela fait deux ans que le Cigref la promeut et c’est devenu un sujet incontournable au cours de ces six derniers mois.

Pour finir, avez-vous une lecture ou un film à nous conseiller en rapport avec le secteur IT ?

J’ai envie de conseiller le film « Wargame », de 1983. Pour moi, c’est un peu comme regarder un péplum informatique, qui nous montre une vision de l’informatique que l’on a oubliée depuis longtemps. Il traite par exemple des premiers mots de passe ultra faciles à décoder. Le film intègre aussi des pistes de réflexion sur la déontologie de l’intelligence artificielle qui sont encore pertinentes dans le cadre d’existence actuel de l’IA.

Propos recueillis par Elodie Buch