Juliette Paoli, Rédactrice en chef de Solutions Numériques a plus de 25 ans d’expérience dans la presse informatique et numérique. Une place de choix pour observer (et expérimenter) l’évolution de cette presse au fil des années, et plus précisément la place des femmes dans les rédactions, entre préjugés et parité. Nous sommes ravis d’avoir pu l’interviewer sur ces sujets.

Quels sont les sujets de prédilection couverts par Solutions numériques et ceux qui vous intéressent le plus en ce moment ?

Évidemment, en ce moment, nous sommes en plein dans les sujets autour de l’IA. Nous avons également des micro-focus en lien avec l’actualité, comme le cloud souverain.

Pour la partie magazine, nous traitons des grands sujets phares comme le cloud, la cybersécurité, les outils de collaboration, mais aussi tout ce qui touche à l’infrastructure, au datacenter, aux logiciels métiers, à la dématérialisation, à l’emploi/formation, au channel, à la législation…

Pour résumer, nous couvrons tous les aspects de la transformation numérique des entreprises, donc un domaine très vaste, à destination d’une audience professionnelle. Nous abordons cela sous le prisme des usages au-delà de la technique pure, c’est ce qui fait notre force – nous adressant aux DSI comme aux directions métiers.

Pour le site web, on ajoute des interviews, des avis d’experts exclusifs, le traitement des actualités chaudes et les annonces produits, qui intéressent aussi nos lecteurs. Notre style journalistique est informatif, dans le constat, et nous ne sommes pas là pour mettre en avant nos egos – on ne hurle pas avec les loups, par exemple.

Selon vous, comment a évolué la presse informatique B2B ces dernières années ? Quelles sont les dynamiques sous-jacentes par lesquelles elle se réinvente pour ne pas disparaître ?

Dans le numérique, il y a peu de chance pour l’instant que l’on disparaisse ! (rires)

La transformation digitale des entreprises est un sujet important, qui ne cesse de se réinventer, que cela concerne la plus petite comme la plus grosse entreprise. Aujourd’hui, il est difficile de passer à côté de la transformation des processus et des dynamiques d’innovation. Il s’agit d’une réinvention permanente, avec l’arrivée de nouvelles technologies sur le devant de la scène, qui s’accompagnent de leur lot de questionnements, de défis, et l’arrivée de nouvelles menaces comme les cyberattaques. Pour résumer, les sujets ne manquent pas !

De façon générale dans la presse B2B, il y a en effet eu une évolution vers de nouveaux formats, comme la diffusion de livres blancs, de contenus sponsorisés, ou encore le multimédia avec de nombreuses vidéos et podcasts. Pendant le confinement, nous nous sommes diversifiés dans de nouveaux formats comme les webinaires, pour toucher des publics plus larges.

Les femmes journalistes dans la presse informatique B2B se font globalement assez rares ; quelle est votre vision de cette situation ? Pourquoi, selon vous, y-a-t-il si peu de femmes dans cette presse ? Quelle est votre propre appréciation de cette situation ?

Quand j’ai commencé, nous étions encore moins nombreuses dans cette presse ! Déjà à l’époque, il y avait des préjugés envers les femmes. Un jour, on m’a dit : « Si tel magazine se positionne sur du grand public, tu seras la rédactrice en chef, mais s’il devient plus technique, ça ne sera pas toi ». Contrairement à d’autres presses, la presse IT B2B s’est beaucoup construite sur des techniciens formés au journalisme, aboutissant donc à une presse masculine reflétant les choix de parcours d’études et de carrières professionnelles des hommes. Aujourd’hui, on voit davantage de femmes qu’avant, même si nous ne sommes clairement pas la majorité. Dans ma rédaction, je me suis récemment fait la réflexion que nous étions à parité, et j’en suis très contente. Mais c’est vrai qu’il a fallu que nous, les femmes de la presse IT B2B, bataillions un peu pour prouver que nous pouvions aussi comprendre les sujets techniques.

Avez-vous un conseil culture/lecture, en rapport (ou pas) avec l’informatique à nous partager ?

Quand on est dans l’IT de 9h du matin jusqu’à 19h le soir, on a qu’une seule envie : s’intéresser à d’autres sujets ! Moi, par exemple, je m’abreuve de romans de toutes sortes et je révise mes connaissances en permanence sur les plantes sauvages, une passion de jeunesse. A tel point que j’ai même écrit un recueil de nouvelles sur les plantes sauvages urbaines, qui s’appelle « Le Pissenlit a perdu la tête » (auto-édité sur TheBookEdition.com).

 

Propos recueillis par Elodie Buch