La thématique du Green IT émerge de plus en plus dans les médias à l’heure actuelle. Ce terme à la consonnance positive, colorée et imagée, traduit la montée en puissance de la préoccupation écologique au sein d’un secteur considéré, dans l’inconscient collectif, comme parfaitement antagonique avec tout ce qui s’apparente à la nature, au monde animal et végétal. Pourtant, , les liens avec les ressources naturelles, la pollution de l’environnement, et même le respect de la condition humaine sont bien réels. Pour mieux aborder le sujet, j’ai choisi un petit ouvrage intitulé Tendre vers la sobriété numérique : Je passe à l’acte de Frédéric Bordage, publié chez Actes Sud. C’est ce terme de « sobriété numérique » qui m’a particulièrement interpellée.

Même si le contenu tend à plusieurs reprises vers le militantisme et dresse un constat assez noir et alarmiste de ce que représente notre consommation en biens informatiques et en données, c’est aussi une bonne première approche vers une évolution de notre perception et de nos pratiques au quotidien. Plutôt que de culpabiliser l’utilisateur lambda en lui expliquant pourquoi il fait du mal à la planète s’il ne trie pas correctement ses emails, le livre aborde plusieurs sujets de façon pédagogique, comme les éléments qui font d’un appareil numérique un appareil durable ou encore les façons de limiter son empreinte numérique en limitant sa consommation au quotidien en questionnant nos réflexes numériques.

Une ressource qui s’épuise vite… et des utilisateurs aussi

Le postulat de départ du concept de sobriété numérique considère le numérique comme « une ressource finie qui s’épuise trop vite, avec une échéance fixée à dans 30 ans ». Les conséquences de cette exploitation sont à la fois sanitaires, sociales et environnementales, avec pêle-mêle l’extraction des métaux précieux nécessaires, les conditions de travail des usines d’assemblage, la consommation électrique imputée à l’utilisation des appareils, et enfin le recyclage et le stockage des déchets numériques. Il est important de savoir que 80 % de notre empreinte numérique est liée à la fabrication du matériel, tandis que notre utilisation au quotidien n’en représente que 20 %.

L’injonction à choisir la sobriété numérique trouve principalement sa source dans notre pratique au quotidien du numérique : parce que nous sommes des « drogués aux octets » et aux hormones de plaisir qui accompagnent chaque nouvel email ou notification que nous recevons, nous avons pris l’habitude de ne plus limiter notre utilisation à une heure particulière de la journée ou à un espace dédié. Désormais, le numérique se pratique en permanence, partout, et les sollicitations sont traitées au fur et à mesure de leur arrivée ; l’absence de limites menace ainsi les utilisateurs de risques psychologiques. Pourtant, rappelle l’auteur, « Comme pour l’alcool, il faut consommer le numérique avec modération ».

Suis-je capable de devenir numériquement sobre ?

Lire ce livre m’a donc permis de m’interroger sur mes pratiques et de constater, par exemple, que j’ai bien fait de prendre un compte sur Spotify plutôt que d’écouter de la musique sur YouTube, pour ne pas consommer inutilement de la vidéo quand je n’ai besoin que du son. Néanmoins, suis-je prête à penser chaque soir à débrancher ma box internet avant de fermer les yeux et chaque matin à la rallumer (et perdre les 60 ou 90 secondes nécessaires au redémarrage) pour limiter la consommation électrique, qui serait apparemment plus importante durant les périodes de non-sollicitation ?

La recette de la sobriété numérique ne semble pourtant pas si compliquée que cela, puisqu’elle se résume à trois principes fondamentaux :

  • Fabriquer moins d’équipements ;
  • Qui durent plus longtemps ;
  • Et dont l’usage est réellement utile aux individus et à la société.

Cela vaut pour l’ensemble de la société, les constructeurs, les décideurs, les consommateurs. Mais en pratique, quelles sont les habitudes à adopter à notre échelle individuelle ? De la même façon, elles ne semblent pas si insurmontables et relèvent tout simplement du bon sens : se demander si on a vraiment besoin de tel ou tel nouvel équipement, privilégier la mutualisation des besoins ; conserver le plus longtemps possible nos appareils numériques ; donner une seconde vie aux appareils dont on ne veut plus via le reconditionnement ; et privilégier des appareils reconditionnés plutôt que neufs.

L’un des messages principaux du livre, c’est que la sobriété numérique ne se fait pas uniquement au profit de l’environnement, mais également des humains, pour limiter leur charge cognitive liée au numérique (trop de données, de photos, d’applications, de réseaux sociaux…). L’auteur insiste d’ailleurs à plusieurs reprises sur la nécessité de dédier certains horaires et moments de la journée à la consultation des emails et des messages, mais de s’interdire d’y avoir accès le reste du temps,, dans une vraie démarche de désintoxication psychologique.

La sobriété numérique pratiquée à l’échelle individuelle permet déjà de se désintoxiquer et de réduire son empreinte environnementale ; mais il faudrait à présent qu’elle passe à un rythme et à une envergure plus généralisée, afin d’inciter les pouvoirs publics à changer les choses en profondeur. C’est une démarche qu’ont déjà entrepris plusieurs fournisseurs informatiques, à l’image de certains de nos clients chez OneChocolate, et que nous nous attachons à mettre en avant auprès des médias, qui, de leur côté, dédient progressivement de plus en plus d’angles et d’articles au sujet du Green IT.

Alors pour tous ceux que les questions écologiques préoccupent et qui cherchent à faire évoluer leurs pratiques dans la bonne direction, je vous conseille ce petit ouvrage qui se lit très rapidement et qui éveille les consciences de façon plus ou moins radicale.

Elodie Buch